A propos

    Depuis  de  nombreuses  années,  je me livre chaque  jour à mes livres
    Je cherche des  temps  clandestins  dans  un quotidien  pressant pour les retrouver dans
    mon atelier, à  gauche  au coin du jardin.    
    Quelques pas et j’y suis,…heureuse…
     Là, un auteur, l’émotion d’un instant de vie, un petit trésor de rien, le détail d’une fresque italienne, un papier  au nom d’un  moulin, un carnet venu d’Inde, me donnent  rendez vous.
    Les préparatifs  sont minutieux, il  s’agit d’être au mieux….
    Trouver la couleur, la marier avec une autre, peut être juste une  troisième  sera-t-elle nécessaire ?
    La  déposer  au pinceau,  au rouleau, à la poupée ou, parfois même, il faudra la broder.
     Puis vient  enfin  le choix du  papier ; le caresser, le  rendre amoureux est essentiel.
    Il  est alors  temps  de s’aventurer, libre, dans  ce livre …..
    Timide  devant la première  page blanche,  je me perds peu à peu dans les méandres  de ses  découpes, me  laisse  surprendre  par la suivante, que j’incise à nouveau.     
    Page après page  se bâtissent  des  châteaux en Espagne, des plans sur la comète,
    Des images s’y posent,
    Nos mondes  s’y inscrivent… s’impriment.
    Un texte s’y glissera, ou peut être pas…
    Déposé  dans un écrin,
    Enveloppé dans un papier de soi,
    Le livre s’envolera  enfin   
    Vers vous  .
    Frédérique  Le Lous- Delpech

     

    Il y a dix ans, elle osait à peine montrer ceux qu’elle appelait ses « petits livres «dans lesquels Il était déjà question de jardins, d’eaux très bleues, de maisons rêvées, d’amoureux , de chiens fidèles et d’oiseaux malicieux. On les regardait parfois de très haut sur les salons très chics. Il faut à la gravure, à la poésie et à l’amour du papier plus d’atours et moins de simplicité.
    Je me suis penchée sur ces livres, ses boîtes à musique, à couture, ses reliquaires, … son monde. J’ai eu plaisir à le faire découvrir à d’autres - qui ne s’y sont pas trompé. Je l’aie vue oser, au fil des ans et parfois des tourments, de livre en livre - que nous semions tels des petits cailloux blancs - et tisser sa toile, tricoter ave sa vie – nos vies. Elle m’a fait connaître ses complices, la confiance, le respect et l’amitié ont fait le reste. L’édition – si évidente – vient enfin, la reconnaissance aussi. Elle construit mine de rien ce qu’il faut bien appeler une oeuvre.

    MCG 14- 01- 17

     

    Au-dessus du papier blanc, les lames rêveuses des ciseaux ont des battements d’ailes d’oiseau, elles entrouvrent des mondes colorés de lumières. Des clairières s’illuminent sous la lune, il y a de l’eau, des mers profondes aux sirènes charmeuses, parfois mélancoliques. C’est un monde d’inquiétudes douces et légères, de sérénité confiante, écrins d’une vie calme et secrète, un chant suspendu.
    Dans les forêts magiques, d’algues ou d’arbres, qui regarde est aussi observé, chaque voile soulevé le révèle à lui-même.
    Jean- Pierre Dalle

     

    ” Quand je suis venue pour la première fois chez toi, j’étais dans mes petits souliers.
    puis très vite dans tes petits papiers.
    Devant ta maison, sous la marquise de verre,  je savais que j’allais découvrir tous tes livres, tes pages enluminées, ton monde plié déplié et rempli d’oiseaux.
    Nous avons traversé le jardin, celui derrière la maison, clair comme une invitation et tu m’as ouvert ton atelier.
    Les heures étirées de la nuit, durant lesquelles tu ouvrages tes rêves, recèlent toute la lumière des beaux jours de l’enfance.
    On tire la bobinette et quelque chose de délicat, d’inattendu s’ouvre et s’ouvre encore, sous nos yeux, nos mains légères, pour nous porter là où bat une petite chose pliée. Souvent c’est un diamant de rien, tenu là pour témoigner des secrets qui demeurent, des enfances qui durent  au coeur des femmes émues.
    J’ai rencontré tes marins, tes brodeurs d’histoires, tes gardiens de phare, un monde où la mer vient creuser sa vague sous tes petits ciseaux. Comme si rien n’était plus facile que de garder là la mémoire des hommes, de ce coin de Bretagne où t’ont donné le jour des parents aimants, magnifiques.
    J’ai rencontré tes filles, tes soeurs, tes amies, tes colombes, avec leur envie de vivre prise dans des robes de bal ou des robes des champs.
    J’ai vu tes carrés de jardin, tes semis, tes graines de songes.
    Tes bois à traverser la main serrée sur les cailloux blancs.
    J’ai regardé par tes fenêtres, celles découpées sur des lampes qui brillent. Tes fenêtres qui ouvrent les yeux sur un monde discret, fait de toutes petites choses, un monde avec ses poules, ses oiseaux, ses passants au fil de l’eau, ces gens de peu assis sur des bancs.
    Des jardins, des jardins encore…
    Dans tes livres j’ai eu envie de me glisser, doucement, sans froisser rien ni personne, juste trouver une petite place heureuse.
    A l’école autrefois, il y avait ces images de  leçons de choses qui devaient nous expliquer le monde : il y avait les saisons, le bois, les plantes et le sucre, la farine et l’oiseau.
    Ces images rendaient le monde habitable et de toutes mes forces j’aurais voulu qu’il en soit ainsi.
    Quand je suis dans tes livres, le monde redevient habitable et c’est là que je voudrais vivre.
     
    Et puis j’adore, les papiers, les carnets, les boutons, les nominettes, les rubans, les pochettes, tous ces trésors de fabriqueuse, de faiseuse de miracles, ces fond de boite à couture de grand-mère où tu puises sans cesse le petit détail qui va nous battre le cœur, le fermoir précieux qu’il faudra délier, le coin de robe oublié.
    J’aime ces livres rêvés longtemps, cousus main, pliés ongles, collés doigts.
    J’aime tout ce qu’ils mettent en œuvre de toi, de ta lumineuse enfance et où un peu de la mienne vient boire aussi.”
    Marie Huot

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